Vision-ambition, stop à la confusion
Dans une période qui manque singulièrement de sens, tant en termes d’horizon collectif que de signification profonde pour chacun, l’entreprise se doit plus que jamais de tracer des axes clairs, porteurs de vision de long terme, pour ancrer l’action dans un sens partagé et durable. Or aujourd’hui, les entreprises ont de plus en plus tendance à mettre en avant des ambitions court-moyen terme, remisant la vision, pire, la confondant avec l’ambition. Or, cette confusion fragilise la portée des projets et affaiblit leur capacité à mobiliser les parties prenantes dans la durée.
—> Une clarification s’impose : là où la vision pose le cadre de sens profond de l’entreprise, celui qui mobilise son énergie créatrice, l’ambition définit un cadre d’objectifs pragmatiques, définissant des étapes d’action à un moment t. Confondre les deux, c’est mélanger un horizon de sens avec un programme d’actions.
—> Une articulation nécessaire : lorsqu’une organisation ne parle que d’ambition, sans vision exprimée, elle peut gagner en efficacité immédiate, mais au prix d’un vide symbolique : plus personne ne sait ce qui fonde réellement l’effort collectif. Inversement, une vision sans ambition stratégique reliée risque d’être perçue comme une déclaration d’intention, incapable de traduire l’élan initial.
—> Un enjeu supplémentaire : l’environnement d’incertitudes actuel rend l’ambition instable — les objectifs fixés aujourd’hui sont souvent dépassés demain. Dans ce contexte mouvant, seule la vision offre une stabilité : elle sert de boussole. Elle inscrit l’action dans une logique de sens qui transcende les aléas.
—> Dans un monde saturé de discours performatifs et de « storytelling » managérial, la distinction entre vision et ambition est plus qu’un exercice conceptuel : c’est une exigence vitale pour l’entreprise.
Sans vision, l’ambition s’épuise dans une course sans cap.
Sans ambition, la vision demeure incantatoire.
Autrement dit : l’ambition est un chemin ; la vision, son horizon. Oublier cette hiérarchie, c’est avancer — mais sans savoir où.